Vous venez de recevoir votre avis d’imposition ou votre déclaration préremplie et vous tombez sur cette mystérieuse ligne 2TR ? Vous vous demandez ce que signifient ces trois petites lettres et quels revenus vous devez y déclarer ?
Pas de panique ! Cette case fait partie des revenus de capitaux mobiliers, et même si elle peut sembler complexe au premier abord, elle concerne des placements que vous connaissez probablement bien.
Vous allez découvrir dans cet article tout ce qu’il faut savoir sur cette ligne : quels produits financiers y reporter, comment ils sont imposés, et surtout comment optimiser votre déclaration pour ne pas payer plus d’impôts que nécessaire.
Prêt à démystifier la case 2TR ? C’est parti !
Qu’est-ce que la case 2TR ? Les produits concernés
La case 2TR correspond aux ‘produits de placement à revenu fixe’ qui n’ouvrent pas droit à abattement. Derrière cette dénomination technique se cachent des placements que vous utilisez peut-être au quotidien.
Concrètement, vous devez reporter dans cette ligne :
- Les intérêts de comptes courants rémunérés
- Les intérêts des comptes sur livret fiscalisés (livret bancaire classique)
- Les intérêts d’obligations et titres de créances
- Les revenus de comptes à terme
- Les intérêts de bons de caisse non anonymes
- Les jetons de présence et rémunérations d’administreurs
- Les revenus de certains PEL et CEL selon leur date d’ouverture
Pour bien comprendre, prenons un exemple simple. Si votre banque vous a versé 150 € d’intérêts sur votre livret bancaire classique (pas le Livret A qui est exonéré), ce montant doit figurer en case 2TR.
Les établissements financiers vous transmettent normalement un imprimé fiscal unique (IFU) qui récapitule tous vos revenus de l’année. Ces montants sont également préremplis sur votre déclaration, mais attention : il faut toujours vérifier ces informations car des erreurs peuvent se glisser.
Une particularité importante : contrairement à d’autres revenus de capitaux mobiliers, les produits de la ligne 2TR ne bénéficient d’aucun abattement. Ils sont imposés sur leur montant intégral, que ce soit avec le prélèvement forfaitaire ou au barème progressif.
PFU (flat-tax) vs option au barème : comment choisir
Par défaut, vos revenus de la case 2TR sont soumis au prélèvement forfaitaire unique (PFU), aussi appelé ‘flat-tax’. Ce système applique un taux global de 30 % composé de :
- 12,8 % d’impôt sur le revenu
- 17,2 % de prélèvements sociaux (CSG, CRDS, etc.)
Mais vous avez aussi la possibilité d’opter pour l’imposition au barème progressif en cochant la case 2OP de votre déclaration. Dans ce cas, vos revenus sont ajoutés à vos autres revenus et imposés selon votre tranche marginale d’imposition.
Comment savoir quel système choisir ? Tout dépend de votre situation fiscale :
Si votre tranche marginale d’imposition est inférieure à 30 %, l’option pour le barème peut être avantageuse. Par exemple, si vous êtes imposé à 11 %, vous paierez 11 % + 17,2 % = 28,2 % au lieu de 30 % avec le PFU.
Mais attention : avec l’option au barème, vous pouvez déduire une partie de la CSG (6,8 % exactement). Si vos revenus 2TR représentent 1 000 €, vous pourrez déduire 68 € de vos revenus imposables, ce qui peut faire pencher la balance.
Prenons un exemple concret. Imaginons que vous ayez perçu 2 000 € d’intérêts sur vos placements à revenu fixe et que vous soyez imposé dans la tranche à 14 % :
Avec le PFU : 2 000 € × 30 % = 600 € d’impôts et prélèvements
Avec l’option au barème : 2 000 € × 14 % + 2 000 € × 17,2 % – (2 000 € × 6,8 % × 14 %) = 280 € + 344 € – 19 € = 605 €
Dans cet exemple, le PFU est légèrement plus avantageux. Les calculs deviennent souvent complexes, notamment lorsque vous avez d’autres revenus de capitaux mobiliers. Pour éviter les erreurs de calculs complexes, n’hésitez pas à utiliser des simulateurs en ligne ou à faire appel à un professionnel.
Les cases liées à connaître : 2CK, 2BH, 2CG et autres
La case 2TR ne fonctionne pas seule. Plusieurs autres cases sont étroitement liées et leur bon remplissage peut vous faire économiser des centaines d’euros.
Case 2CK : le crédit d’impôt essentiel
La case 2CK correspond au crédit d’impôt pour les prélèvements déjà effectués par vos établissements financiers. Si vous avez déjà subi des prélèvements à la source sur vos revenus 2TR, vous devez impérativement reporter ce montant en case 2CK pour éviter une double imposition.
Par exemple, si votre banque a prélevé 300 € au titre du PFU sur vos intérêts, reportez ces 300 € en case 2CK. L’administration fiscale déduira ce montant de votre impôt final à payer.
Cases 2BH et 2CG : la CSG déductible
Si vous optez pour l’imposition au barème (case 2OP cochée), vous pouvez déduire une partie de la CSG payée :
- Case 2CG : CSG déductible sur les revenus 2TR déjà soumis aux prélèvements sociaux
- Case 2BH : CSG déductible sur les revenus du patrimoine
Le montant déductible représente 6,8 % de vos revenus. Cette déduction vient en moins de vos revenus imposables, réduisant ainsi votre impôt final.
Case 2CA : les frais déductibles
Vous pouvez déduire certains frais liés à la gestion de vos placements en case 2CA :
- Frais de garde des titres
- Frais de gestion de portefeuille
- Droits de succession sur valeurs mobilières
- Intérêts des emprunts contractés pour acquérir des titres
Ces frais sont déductibles uniquement si vous optez pour l’imposition au barème. Avec le PFU, aucune déduction n’est possible.
Assurance-vie, PEL/CEL et cas particuliers
Certains produits financiers ont des règles spécifiques qu’il faut connaître pour bien remplir sa déclaration.
L’assurance-vie : un régime à part
Les revenus d’assurance-vie ne vont généralement pas en case 2TR, mais dans des cases spécifiques selon l’ancienneté du contrat :
- Case 2DH : produits de contrats d’assurance-vie de plus de 8 ans
- Case 2CH : produits de contrats entre 4 et 8 ans
- Cases 2UU, 2VV, 2WW : selon les montants de primes versées
Les contrats de plus de 8 ans bénéficient d’un abattement annuel de 4 600 € pour une personne seule (9 200 € pour un couple). Cet avantage explique pourquoi l’assurance-vie reste un placement de choix pour optimiser sa fiscalité.
PEL et CEL : selon la date d’ouverture
La fiscalité des PEL et CEL dépend de leur date d’ouverture :
- PEL ouverts avant le 1er janvier 2018 : exonérés d’impôt pendant 12 ans
- PEL ouverts après cette date : imposables dès la première année, revenus à déclarer en case 2TR
- CEL : toujours imposables, revenus en case 2TR
Cette différence de traitement peut surprendre. Si vous avez ouvert un PEL récemment, attendez-vous à voir ses intérêts figurer sur votre IFU et dans le prérempli de la case 2TR.
Cas particuliers et exceptions
Quelques situations méritent une attention particulière :
Les titres de créances négociables (TCN) relèvent de la case 2TR. Ces instruments financiers, souvent souscrits par les investisseurs avertis, génèrent des revenus imposables au même titre que les obligations classiques.
Les jetons de présence versés aux administrateurs de société figurent également en case 2TR. Ces rémunérations sont soumises au régime fiscal des revenus de capitaux mobiliers, et non à celui des salaires.
Exonérations et dispenses : ce qu’il faut savoir
Heureusement, tous les livrets et placements ne sont pas imposables. Plusieurs exonérations existent et permettent d’épargner sans impact fiscal.
Les livrets exonérés
Certains livrets d’épargne échappent complètement à l’impôt :
- Livret A et Livret Bleu
- Livret de développement durable et solidaire (LDDS)
- Livret d’épargne populaire (LEP)
- Livret jeune
- Compte épargne logement (CEL) pour les intérêts (mais pas la prime)
- Plan d’épargne logement (PEL) selon les conditions vues précédemment
Ces livrets réglementés bénéficient d’une exonération totale d’impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux. Leurs intérêts ne figurent donc jamais en case 2TR.
Dispenses de prélèvement à la source
Selon votre niveau de revenus, vous pouvez être dispensé des prélèvements à la source sur vos revenus de placement :
Pour les produits à revenu fixe (case 2TR) : dispense si votre revenu fiscal de référence de l’avant-dernière année est inférieur à :
- 25 000 € pour une personne seule
- 50 000 € pour un couple
Pour les dividendes : seuils plus élevés à 50 000 € (personne seule) et 75 000 € (couple).
Cette dispense évite le prélèvement à la source, mais n’exonère pas de l’impôt final. Vous devrez quand même déclarer vos revenus et payer l’impôt lors de votre déclaration annuelle.
Pour bénéficier de cette dispense, vous devez en faire la demande auprès de votre établissement financier avant le 30 novembre de chaque année.
Pertes et déficits : règles d’imputation spécifiques
Si vous avez subi des pertes sur vos placements à revenu fixe, des règles particulières s’appliquent pour leur imputation.
Pertes sur titres de créance
Les moins-values réalisées lors de la cession de titres de créance (obligations, bons du Trésor, etc.) ne peuvent s’imputer que sur les plus-values et revenus de même nature.
Concrètement, si vous vendez une obligation à perte, cette perte ne pourra compenser que :
- Les plus-values sur cessions d’autres obligations réalisées la même année
- Les intérêts d’obligations perçus la même année
- Les plus-values et revenus de même nature des 5 années suivantes si l’imputation n’a pas pu se faire entièrement
Cette règle diffère de celle applicable aux actions, où les moins-values peuvent généralement s’imputer plus largement sur les plus-values mobilières.
Cas des prêts participatifs et minibons
Les pertes subies sur des prêts participatifs ou des minibons (produits de financement participatif) font l’objet d’un traitement spécifique. Ces pertes sont déductibles du revenu global, mais dans la limite d’un plafond annuel souvent fixé autour de 8 000 €.
Si vous investissez dans ce type de produits, conservez précieusement tous les justificatifs de vos versements et des éventuelles pertes constatées. Ces éléments vous seront nécessaires pour votre déclaration.
Erreurs fréquentes et bonnes pratiques
Remplir correctement sa déclaration concernant les revenus de capitaux mobiliers demande de la rigueur. Voici les erreurs les plus courantes à éviter.
Vérification de l’IFU et du prérempli
La première règle d’or : ne jamais faire confiance aveuglément au prérempli. Les établissements financiers peuvent commettre des erreurs dans la transmission des données, et certains revenus peuvent être mal classés.
Vérifiez systématiquement :
- Que tous vos IFU correspondent aux montants préremplis
- Que les revenus sont ventilés dans les bonnes cases (2TR, 2TS, 2CH, etc.)
- Que les prélèvements déjà effectués sont bien reportés en case 2CK
- Que vous n’avez pas oublié de revenus non transmis automatiquement
N’hésitez pas à contacter vos établissements en cas de doute. Une erreur dans l’IFU peut entraîner des complications avec l’administration fiscale.
Simulation avant de cocher la case 2OP
L’option pour l’imposition au barème (case 2OP) s’applique à tous vos revenus de capitaux mobiliers. Vous ne pouvez pas choisir le barème pour certains revenus et le PFU pour d’autres.
Avant de cocher cette case, simulez l’impact sur votre impôt total. Prenez en compte :
- Votre tranche marginale d’imposition
- Le montant total de vos revenus de capitaux mobiliers
- Les éventuels frais déductibles (case 2CA)
- La CSG déductible
Cette simulation peut révéler des économies substantielles, surtout si vous avez des frais de gestion importants ou si vous êtes dans une tranche d’imposition modérée. Pour des stratégies d’investissement plus sophistiquées, vous pouvez même explorer des approches d’investissement indirect qui peuvent optimiser votre fiscalité.
Gestion des crédits d’impôt
L’oubli de la case 2CK représente l’erreur la plus coûteuse. Si vous ne reportez pas les prélèvements déjà effectués, vous paierez deux fois l’impôt sur les mêmes revenus.
Gardez en tête que :
- Tous les prélèvements figurant sur vos IFU doivent être reportés
- En cas d’erreur, vous pouvez corriger votre déclaration en ligne pendant plusieurs mois
- Les crédits d’impôt excédentaires sont remboursés par le fisc
Documentation et archivage
Conservez précieusement tous vos IFU et relevés de compte pendant au moins 4 ans (durée du droit de reprise de l’administration fiscale). Ces documents constituent vos justificatifs en cas de contrôle.
Pensez aussi à garder les justificatifs de vos frais déductibles si vous optez pour le barème : factures de frais de garde, de gestion, etc.
Pour les contribuables ayant des revenus conséquents, il peut être judicieux de calculer régulièrement l’impact de différentes stratégies, notamment en anticipant la conversion de revenus bruts en nets après optimisation fiscale.
Questions fréquentes sur la case 2TR
Qu’est-ce que la case 2TR impôt ?
La case 2TR correspond aux produits de placement à revenu fixe sans abattement. Elle concerne principalement les intérêts de comptes courants rémunérés, livrets fiscalisés, obligations, comptes à terme, bons de caisse non anonymes et certains PEL/CEL selon leur date d’ouverture. Ces revenus sont soumis par défaut au prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30 % ou, sur option, à l’imposition au barème progressif.
Impôt 2CK c’est quoi ?
La case 2CK permet de déclarer le crédit d’impôt correspondant aux prélèvements déjà effectués par vos établissements financiers sur vos revenus de capitaux mobiliers. Si votre banque a prélevé 200 € au titre du PFU sur vos intérêts, vous devez reporter ce montant en case 2CK pour éviter une double imposition. Ce montant sera déduit de votre impôt final à payer.
Quelle différence entre 2BH et 2TR impôts ?
La case 2TR concerne les revenus de placement à revenu fixe, tandis que la case 2BH correspond à la CSG déductible sur les revenus du patrimoine. La case 2BH n’est utilisée que si vous optez pour l’imposition au barème (case 2OP cochée) et permet de déduire 6,8 % de vos revenus de patrimoine de votre base imposable. Ces deux cases sont complémentaires dans votre déclaration.
Comment savoir si je dois cocher la case 2OP ?
Vous devriez envisager de cocher la case 2OP (option pour l’imposition au barème) si votre tranche marginale d’imposition est inférieure à 30 %. Cette option peut être avantageuse si vous êtes imposé à 0 %, 11 % ou 14 %, car vous paierez moins que les 30 % du PFU. Attention : cette option s’applique à tous vos revenus de capitaux mobiliers et vous permet de déduire la CSG (6,8 %) et certains frais de gestion.
Que faire si mes revenus 2TR ne correspondent pas à mes IFU ?
Si vous constatez une différence entre le montant prérempli en case 2TR et vos IFU, vous devez corriger manuellement votre déclaration. Vérifiez d’abord que vous avez bien reçu tous vos IFU et que les montants ne sont pas ventilés dans d’autres cases (2TS, 2CH, etc.). En cas d’erreur de votre établissement, contactez-le pour obtenir un IFU rectificatif. N’oubliez pas d’ajuster également la case 2CK si les prélèvements diffèrent.