Vous voulez évaluer un fonds de commerce et vous entendez parler du fameux barème Lefebvre ? Vous vous demandez comment cette méthode fonctionne et si elle suffit pour déterminer la valeur de votre affaire ?
C’est vrai qu’avec tous ces termes techniques et ces différentes approches de valorisation, on peut vite s’y perdre. Pourtant, comprendre le barème Lefebvre est essentiel quand on veut vendre ou acheter un fonds de commerce.
Dans cet article, vous découvrirez comment fonctionne cette méthode de référence, ses limites, et pourquoi il faut absolument la croiser avec d’autres approches pour obtenir une évaluation fiable.
Qu’est-ce que le barème Lefebvre pour l’évaluation des fonds de commerce ?
Le barème Lefebvre fait référence au Mémento pratique Évaluation publié par les Éditions Francis Lefebvre. Cette méthode consiste à appliquer un coefficient au chiffre d’affaires pour estimer la valeur d’un fonds de commerce.
Contrairement à ce que beaucoup pensent, ce barème n’est pas officiel. Il s’agit d’un outil indicatif largement utilisé par les professionnels (experts-comptables, notaires, conseils en cession d’entreprise) pour obtenir une première estimation.
Le principe est simple : vous prenez le chiffre d’affaires de votre entreprise et vous appliquez un pourcentage qui varie selon le secteur d’activité. Par exemple, un commerce de détail pourrait être valorisé entre 15% et 25% de son chiffre d’affaires annuel, tandis qu’un restaurant pourrait atteindre 40% à 80%.
Ces coefficients se basent sur des observations de marché et l’expérience des transactions réalisées. Mais attention : le barème doit toujours être adapté aux spécificités de votre fonds de commerce.
Les principales méthodes de valorisation à connaître
Si le barème Lefebvre reste une référence, il existe plusieurs méthodes pour évaluer un fonds de commerce. Chacune a ses avantages et ses limites.
La méthode par le chiffre d’affaires (barème)
C’est la plus répandue. Elle présente l’avantage d’être simple et rapide à appliquer. Vous prenez la moyenne des chiffres d’affaires des trois dernières années, vous appliquez le coefficient du secteur, et vous obtenez une fourchette de valorisation.
La méthode par la rentabilité (EBE)
Cette approche se base sur l’Excédent Brut d’Exploitation (EBE) ou le résultat d’exploitation. Elle reflète mieux la capacité bénéficiaire réelle du fonds de commerce. On applique généralement un multiple compris entre 3 et 8 fois l’EBE selon le secteur.
La méthode de l’actif net corrigé
Elle consiste à évaluer tous les éléments du fonds (clientèle, matériel, stocks) puis à en déduire les dettes. Cette méthode prend en compte la valeur patrimoniale mais peut sous-estimer l’aspect commercial.
La méthode comparative
Elle compare votre fonds à des transactions récentes dans le même secteur et la même zone géographique. C’est la plus fiable quand on dispose de références pertinentes, mais les données ne sont pas toujours accessibles.
Comment appliquer le barème en pratique : règles et exclusions
Pour utiliser correctement le barème Lefebvre, vous devez respecter certaines règles fondamentales.
D’abord, le chiffre d’affaires retenu : prenez la moyenne des trois derniers exercices complets. Cette approche lisse les variations conjoncturelles et donne une image plus stable de l’activité.
Les résultats du barème s’entendent ‘matériel compris’ mais excluent toujours le stock. Pourquoi ? Parce que le stock est un élément à part, facilement quantifiable et qui varie selon les périodes. Il sera ajouté séparément à la valorisation finale.
| Secteur d’activité | Coefficient usuel | Observations |
|---|---|---|
| Commerce alimentaire | 15% à 30% | Varie selon l’emplacement |
| Restaurant traditionnel | 40% à 80% | Dépend de la notoriété |
| Coiffure/Esthétique | 30% à 50% | Clientèle fidélisée importante |
| Pharmacie | 70% à 90% | Monopole géographique |
Pour les entreprises avec un chiffre d’affaires très élevé, il faut réduire les pourcentages. Un hypermarché ne se valorise pas au même taux qu’une épicerie de quartier, même si les deux sont dans le commerce alimentaire.
Autre point crucial : les corrections à apporter. Le barème donne une base, mais votre fonds a ses particularités. Un emplacement exceptionnel, un bail long et bon marché, une clientèle captive ou au contraire des équipements vétustes vont modifier la valorisation finale.
C’est pourquoi les professionnels appliquent des pondérations au résultat brut du barème. Ces ajustements peuvent faire varier l’évaluation de ±30% selon les cas.
Constituer une valorisation argumentée et documentée
Une évaluation sérieuse ne se contente jamais d’une seule méthode. Les experts croisent systématiquement plusieurs approches pour obtenir une fourchette de valeurs cohérente.
Si le barème Lefebvre donne 150 000€, que la méthode par l’EBE indique 180 000€ et que les comparables du marché suggèrent 160 000€, vous obtenez une fourchette de 150 000€ à 180 000€. Cette convergence renforce la crédibilité de votre évaluation.
Pour un usage fiscal, juridique ou transactionnel, documentez votre méthodologie. Notez les sources utilisées, les coefficients retenus, les corrections appliquées et les raisons de vos choix. L’administration fiscale ou un tribunal examineront cette argumentation en cas de contrôle.
Des plateformes comme XVAL proposent des valorisations automatisées pour 600€ HT avec plus de 3 000 évaluations réalisées par an. C’est pratique pour une première approche, mais ça ne remplace pas l’expertise d’un professionnel pour les enjeux importants.
Le Mémento pratique Évaluation des Éditions Francis Lefebvre reste la référence avec ses barèmes actualisés chaque année. Les Chambres de Commerce et d’Industrie proposent aussi des guides de valorisation adaptés aux spécificités locales.
Quand faire appel à un expert ? Dès que l’enjeu dépasse quelques dizaines de milliers d’euros ou en cas de situation complexe : fonds en difficulté, activité très spécialisée, litiges familiaux, contrôle fiscal. Un expert-comptable, un cabinet de valorisation ou un notaire saura adapter les méthodes à votre cas particulier et défendre l’évaluation si nécessaire.